La légitime offense

Lors du cours d'hier j'ai donné ma conception des choses sur un des points évoqués. Concernant ce point j'ai mis en avant la finesse et la subtilité dont chacun pourrait être capable de se parer pour aboutir à un résultat tout aussi probant. Étrangement, alors que ma démonstration illustrait l'usage de la délicatesse, j'ai choisi un exemple en complète opposition pour illustrer mon propos en expliquant que cette attitude là justifiait pour moi la réponse plus dure apportée au moment X.

J'ai vu dans le regard de chacun l'incompréhension et le scepticisme au regard de l'opposition proposée. Il m'a été demandé une démonstration avec un des chiens puissant peu canalisé du cours ce que j'ai fait sans trop démériter il me semble.

Il me parait cependant important de revenir sur le contraste choisi et ce que je nommerai la légitime offense.

Le droit français prévoit la légitime défense qui permet de faire abstraction de la plupart des règles sans en être tourmenté à partir du moment où le contexte et la gravité de la situation semblent justifier l'acte. Même si cela reste très résumé, il y a donc une notion de gravité et de proportion sur un contexte laissant peu d'autres options.

Ce que je nommerai la légitime offense revient à adopter le même schéma mais en prenant l'initiative d'une action sur un sujet où il nous faut être un acteur à part entière dans l'objectif de poser une limite à un autre être vivant. En l’occurrence ça sera l'éducation canine.

A titre d'exemple, pour comprendre de quoi il s'agit, quand j'étais plus jeune et donc plus appétissante, il m'arrivait d'être abordée par de charmants (ou pas) hommes. Je commençais toujours par faire savoir de manière sympathique que cette initiative ne m’intéressait pas ce qui fonctionnait très bien dans plus de 80% des cas. La communication étant ce qu'elle est, il me fallait quelquefois adopter une attitude moins sympathique pour être comprise. Et puis certains ayant la comprenette lacunaire, la troisième phase te coupait en principe toute envie de récidiver à tes conditions  . C'est ce que j'appelle la légitime offense c'est à dire que je ne cautionnerais pas cette même action isolée sans qu'il ait été donné à l'autre les moyens de comprendre mes intentions mais qu'à partir du moment où j'ai écumé les autres options je ne renoncerai pas à ma limite donc je durcirai ma position temporairement pour la voir respecter.

Volontairement je ne reprendrais pas l'exemple canin utilisé en détail parce qu'il n'est pas la question de venir apporter une question technique. Dans celui ci il y avait une action que je qualifierai moi même de "Dure". Attention à ne pas confondre avec la brutalité ou la colère même si l'action n'est pas anodine.

Il faut comprendre plusieurs choses. Tout d'abord il n'est pas là question de mettre en place un mode de fonctionnement mais bien de poser une limite qui servira de référence.

Cette référence est rarement l'objectif cible, elle sera plus souvent la limite maximale à ne pas franchir ce qui offre une sécurité.

On peut être tenté de penser que c'est la porte ouverte à tout et n'importe quoi. Ce qui est vrai et faux. Je rappelle que cette notion est un prérequis à un travail sur la délicatesse et la subtilité, notions qui je l'admets nécessitent de développer un certain discernement qui, à mon sens, est accessible au plus grand nombre à condition d'être nourri.

La finesse en terme de perception et de communication se construit avec l'autre. Celui qui utilise mal la légitime offense n'aura que le résultat qu'il a produit voir il pourra être dépassé par la situation qu'il provoque.

Dernier point, lorsque l'on pose une limite il faut le faire avec l'intime conviction qu'on la fera respecter. Et c'est à mon sens là que l'accompagnement d'un professionnel du chien est important afin de ne pas laisser le duo maitre/chien s'enfermer dans une impasse.

Pourquoi je parle de la légitime offense aujourd'hui? Parce que je crois que notre société qui affiche tant de bienveillance mais qui par ailleurs fait preuve de beaucoup d'intolérance a du mal il me semble à se positionner sur ce point. Il y a trop souvent en arrière plan la peur du trop comme si tout action un peu forte devait aboutir à une escalade.

Hier j'ai l'illusion d'avoir démontré que ma vision du monde qui accepte de passer possiblement par un positionnement plus dur peut aboutir à la plus grande des douceurs et que c'est parfois un pré-requis difficilement contournable... Et pour ceux qui me connaissent il n'y a rien de feint ou de surfait dans ce que je donne, le regard d'autrui m'importe peu et la tendresse que je propose est un acte spontané