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Les phosphorations d'un batracien

L'envie de faire plaisir, une prérogative humaine?

10 Mai 2019 , Rédigé par La Grenouille

Je fais partie de ces personnes qui aime faire plaisir, pas avec cette étrange envie d'être aimé en retour mais plus simplement pour voir le visage de l'autre s'animer d'un sourire. Je ne suis sans doute pas la seule dans ce cas là, j'aurai même tendance à penser que ce phénomène est d'une puissance sans doute trop méconnue.

Lorsque l'on parle de chiens cette éventualité est souvent éconduite. Un chien ne pourrait pas mettre en place une action pour simplement faire plaisir à son maitre. Cette idée semble en effet en opposition avec celle selon laquelle un chien ne fera rien gratuitement c'est à dire sans rien attendre en retour.

Tout d'abord il me parait important de rappeler que moi, humain, j'ai peu d'action gratuite à mon répertoire. Bien entendu je sais faire preuve d'altruisme et de générosité en n'attendant pas un retour direct mais cela ne veut pas dire que je n'obtiens rien. Apporter de la joie est à mon sens une satisfaction comme une autre. Une contrepartie émotionnelle peut donc être autant appréciée qu'une contrepartie matérialisable.

C'est à ce moment là qu'on risque de m'opposer l'opportunisme canin. Mon interrogation reste entière, en quoi est-il si différent de l'opportunisme humain? Peut-il à lui seul justifier qu'un chien ne pourrait pas vouloir nous faire plaisir c'est à dire nous donner la priorité du sens qu'il donne à son action?

Vous allez me dire "Mais c'est pas pareil, tu ne peux pas comparer". Soit, je ne m'estime pas avoir une compétence canine suffisante pour affirmer ce que j'avance. Je vais cependant apporter à l'analyse la situation suivante :

Quand j'ai eu ma chienne j'ai construit un petit chenil pour que mes absences ne soient pas trop longues. A l'arrivée de mon petit monstre la porte n'était pas achevée et donc dans les 10 jours qui ont suivi je me suis attelée à la tache. Ma chienne courait après les papillons dans le jardin alors que je dégainais ma scie sauteuse. Tous les appareils motorisés bruyants sont pour elle une source d'inquiétude qu'elle choisira d'éviter. Je commençais à découper mon bois lorsque je la vois arriver comme une balle, attraper ma manche et tirer dessus. J'avoue que j'ai été surprise me demandant quel conditionnement débile on avait pu mettre en place sur elle en lien avec une scie sauteuse... J'ai coupé la machine, ma chienne a lâché ma manche pour prendre ma main afin de m'attirer vers elle. C'est alors que j'ai compris que son intention était de m'éloigner de cette machine qu'elle considérait comme dangereuse.

Alors vous allez me dire que ça n'a rien à voir avec l'envie de faire plaisir. C'est vrai, ce n'est pas le contexte de cette action. Ceci étant dit j'invite chacun à se demander quel mécanisme amène ce comportement.

Nous pouvons dès à présent supprimer l'idée d'un conditionnement antérieur, vu la chienne que j'ai récupéré je doute que quiconque en ait fait un chien d'utilité pouvant sauver un bipède d'une scie sauteuse.

Elle et moi nous cohabitions depuis 10 jours, même si nous nous connaissons depuis plusieurs semaines, donc on ne peut même pas supposer que j'ai induit ce résultat.

Vu qu'elle est très inquiète face à un objet motorisé bruyant elle n'a aucun intérêt à s'en approcher et comme elle jouait jusqu'alors avec des papillons mon attention n'était pas non plus son objectif.

Pourtant elle a surmonté son appréhension pour venir m'éloigner du monstre à dents qui coupent.

On peut bien entendu dire que cela reste mon interprétation de la situation sauf que vu qu'elle n'a pas mis mon bras en morceau, on sait qu'elle n'avait pas vraiment d'autres intentions derrière cette action.

Je peux donc conclure que mon chien m'a, à ce moment précis, considéré plus importante que lui même. Si je raisonne chien, son intérêt à lui c'est de rester avec les papillons dans le jardin d'autant plus que j'ai une méchante scie.

Sur une échelle de choix, celui ci me parait bien plus difficile que de vouloir simplement me faire plaisir.

Alors, faire plaisir à l'autre, prérogative humaine ou pas?

 

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