L'éducation canine se trompe-t-elle?

Lorsque l'on travaille sur ce sujet, on est tout d'abord surpris par la diversité de ce qui le compose. Il est d'ailleurs facile de s'y perdre tellement la contradiction est parfois présente. Et puis un constat frappe alors l'esprit, avec cette multitude de propositions, comment des maitres peuvent encore se prévaloir de ne pas être capable d'éduquer leur chien?

Alors bien sur on peut penser que certains chiens sont trop particuliers, que certains maitres ne sont pas passez impliqués mais peut-on tout résumer à ce qui s'apparente à de mauvaises décisions? J'aurai envie de répondre que non.

Il est toujours très facile de prendre un ton moralisateur en m'opposant par exemple que je n'ai aucune légitimité à me positionner sur cette question. Cette réponse sur mesure reprise par la quasi totalité des courants canins  laisse alors penser que seule la compétence canine est nécessaire à la construction d'une solution. C'est d'ailleurs de cette affirmation que la plupart des courants tiendront leur légitimité, que se soit à grand renfort d'études scientifiques, de nombre de chiens manipulés, de démonstrations en tout genre.

Pourtant est ce que cette affirmation est une vérité absolue? Est ce qu'aborder l’éducation canine sous le seul prisme du chien est la réponse la plus adaptée au public le plus largement attendu et à notre société actuelle? Je n'en suis pas persuadée.

Je travaille actuellement sur un projet un peu fou avec Entre chiens et vous. Il sera perçu comme utopique pour certains, trop ambitieux pour d'autres, carrément stupide pour quelques uns.

N'ayant actuellement rien à gagner dans cette action on peut me reprocher ce que l'on veut mais certainement pas la conviction qui me porte. Cette collaboration n'est en rien préméditée, bien au contraire, elle s'est construite d'une rencontre qui a débouchée sur l'évidence que des expertises partagées pouvaient aboutir à poser un autre regard sur l'éducation canine et le sens qui devait lui en être donné. Ma légitimité ne s’appuie donc pas sur une expertise canine ce qui ne veut pas dire qu'elle n'existe pas. Et ce seul constat m'invite à penser que l'éducation canine se trompe peut être de discours, ce qui pourrait expliquer pourquoi au final elle est si mal comprise des non initiés.

Alors je ne développerai pas ici la totalité des cheminements longs et parfois complexes qu'il nous aura fallu mettre en place car, d'une part, le projet finalise sa construction et, d'autre part, il ne peut se résumer en quelques lignes.

Je propose cependant à chacun de se demander si le point de vue le plus courant est nécessairement le plus intéressant en terme de perspectives. Actuellement, et cela vaut pour toute les méthodes, on s'attache principalement à faire une lecture du chien et à ensuite inviter le maitre à s'adapter à ce décryptage. Mais en terme de communication, est ce celui qui connait le plus de mots du dictionnaire qui est forcément le mieux compris?

Et est ce qu'au final on ne dénature pas la relation et son champs des possibles en basant tout son fonctionnement sur une interprétation et des attendus possiblement universaux?

En d'autres mots, aurais-je eu la richesse de la relation actuelle que j'ai avec ma chienne et aurais je pu percevoir l'étendue de sa diversité si je n'avais pas, à un moment donné, fermé le livre d'une éducation "standard" pour réécrire avec elle et avec nos mots ce qui sera le chapitre de notre vie à deux.